Pour Feather (1992), les valeurs sont considérées comme l’organisation de la somme des expériences qui captent l’essence, c’est-à-dire les qualités abstraites des rencontres passées qui possèdent, ou devraient posséder, un caractère normatif et qui sont fonction de critères ou de structures dans lesquelles les expériences présentes peuvent être soupesées. Ces structures ne sont pas abstraites mais affectivement chargées. Elles sont étroitement liées à nos impressions et peuvent fonctionner comme des motivations d’ordre général.
Le concept de valeur est caractérisé par le fait que la valeur est non seulement une croyance généralisée à propos de ce qui doit être, mais également que cette croyance peut aussi être considérée comme une motivation. Cette supposition permet à Feather de faire des valeurs des sortes de besoins qui influencent les actions de l’individu. Pour lui, les valeurs sont à même d’initier des activités orientées par des buts, de peser sur le niveau d’effort investi dans ces mêmes activités, d’influencer la persistance notamment face à la présentation de possibilités alternatives. Cependant, il reste clair pour l’auteur que les valeurs et les besoins ne sont pas des conceptions identiques. La différence cruciale porte sur le fait que les valeurs sont construites sur une base normative qui implique une dimension bien/mal. Il n’existe pas nécessairement une connexion entre les besoins et cette même appréciation du bien et du mal. De plus, les valeurs pour Feather sont plus verbalisables, elles sont donc en ce sens plus proches d’une conscientisation des choses que ne le sont les besoins. Les valeurs affectent l’appréciation subjective que les personnes se font d’une situation, des activités, et des résultats potentiels en fonction de la valence positive ou négative qu’ils leur affectent.
À côté des valeurs, les expectations représentent une deuxième variable clef pour Feather. Pour lui, si les actions étaient seulement déterminées par la valence des événements et des résultats, les individus chercheraient uniquement la plus attractive des alternatives d’une situation. En fait, les actions sont contraintes par les croyances entre ce qui est possible et ce qui n’est pas possible. Ces croyances sont en relation avec les capacités de l’individu, les contraintes de l’environnement et les croyances concernant la relation moyen/fin (comment faire quoi). Les croyances d’efficacité sont liées aux croyances personnelles, ce qui fait que les conséquences des performances attendues et les résultats sont souvent intriqués, il est parfois difficile de les distinguer à un niveau empirique. Les croyances de l’individu concernant la possibilité de réaliser une activité en fonction de standards requis ne sont pas indépendantes de celles liées aux conséquences négatives et positives qui peuvent potentiellement faire suite à la réussite de l’action dans son ensemble.
Ainsi, dans la théorie de l’expectation-valeur telle que la formule Feather, les valences et les expectations entrent dans une combinaison qui guide l’action.
Représentation intégréede l’expectation-valeur (d’après Feather, 1992)