Le concept de « valeur » est sans doute le motif le plus transversal puisqu’il fait l’objet d’une étude spécifique dans de très nombreuses disciplines des sciences humaines (philosophie, sociologie ou économie, par exemple) avec des acceptions très différentes. Il est possible de dire qu’en ce qui concerne la psychologie, son introduction a sans doute été facilitée par les travaux avant-gardistes de Lewin (1935) sur la valence. Ce concept s’inscrit dans le cadre de la théorie des champs. Pour la valence, le comportement dépend de la relation entre les besoins de l’individu et certains aspects de l’environnement qui acquièrent ainsi une fonction d’objectif. D’autres aspects de l’environnement sont conçus comme des obstacles ou des barrières qui se dressent comme autant d’étapes à franchir avant d’atteindre l’objectif souhaité. L’individu a des besoins qui ont pour effet de créer des « états de tension » ayant comme corollaire de générer des attractions et/ou des répulsions - c’est-à-dire des valences - envers des éléments qui sont présents dans les différents champs psychologiques.

La valeur prise dans le sens de « valence », reflète donc l’importance qu’accorde l’individu à certains objets réels ou imaginaires. Dans cette perspective, toute la question est de savoir comment est construite cette importance. Pour Lewin (1935), l’importance de la valence dépend du besoin mais aussi de la distance psychologique qui permet de résoudre ce besoin. Par la suite, différents auteurs ont utilisé les termes de « valence » ou de « valeur » parfois en leur donnant des sens différents.

Vroom (1964) utilise « le terme de valence en référence à l’orientation affective envers certains résultats particuliers » (p. 18, traduction libre). Pour Battle (1966) et Eccles (2002, 2005, qui s’appuie sur la conception de Battle), la valeur fait référence à l’importance que l’individu place dans le fait d’être compétent dans une activité académique donnée. Pour Feather (1992), les valeurs sont liées aux qualités abstraites issues de l’expérience et tendent à se transformer en normes. Pour Schwartz (1994), les valeurs sont des objectifs trans-situationnels désirables, qui varient en importance, qui permettent de guider les grands principes de vie d’une personne ou d’une entité sociale. Ce qui distingue une valeur d’une autre est le type d’objectif ou de motivation que cette valeur exprime. Pour Higgins (2006), la valeur est la résultante de l’expérience hédonique et de la force motivationnelle de l’expérience qui ont, elles- mêmes, différentes sources.

Ces quelques conceptions de la valeur montrent qu’il existe un consensus dans de nombreuses théories motivationnelles non seulement pour considérer la valeur comme un concept clef pour comprendre la motivation mais aussi sur l’utilisation même de ce terme avec, cependant, des conceptions sous-jacentes très divergentes.
Higgins (2007) estime que ce concept repose au moins sur cinq systèmes de valorisation différents : la valeur en tant que satisfaction d’un besoin ; la valeur en tant que croyance partagée de ce qui est désirable ; la valeur dans sa relation personnelle à un état final ; la valeur comme inférence évaluative et la valeur en tant qu’expérience.

Représentation intégrée de la valeur