En 1971, Deci montrait que la persistance des individus, durant une période de libre choix, est moins importante pour les sujets récompensés que pour ceux qui ne le sont pas. Ce résultat, contre-intuitif pour l’époque, montrait pour la première fois chez l’homme de façon expérimentale que la récompense n’est pas un facteur motivant dans tous les cas de figures.
888 promotions : guide to 888 Casino bonus offers & payment.
Depuis les années 70, Deci (1975, 1980) et Ryan (Deci & Ryan, 1985, 2000, 2002) ont proposé différentes formulations et reformulations théoriques qui ont permis de conceptualiser ce résultat et donne lieu à une volumineuse littérature afférente produite aux cours des trois dernières décennies. La dernière formulation en date (Deci & Ryan, 2002) repose, selon les propos des auteurs, sur ce qu’ils appellent des « mini-théories » : la théorie de l’évaluation cognitive, la théorie de l’intégration organismique, la théorie de l’orientation causale et celle des besoins de bases.

Deci & Ryan (2002) postulent l’existence de trois besoins psychologiques basiques qui, dans le cadre d’un environnement favorable à leur épanouissement, permettent à l’individu d’atteindre un optimal à la fois en termes d’expérience comportementale, de développement personnel et d’expérience dans des situations spécifiques.

Le besoin de compétence fait référence à la sensation que peut éprouver l’individu lorsqu’il interagit efficacement avec son environnement et lorsqu’il a l’occasion d’utiliser ses capacités. Une conception similaire se retrouve dans la motivation d’effectance de White (1959) ; cette dernière étant l’une des principales sources d’inspiration conceptuelle de ce besoin.

Le besoin de relation sociale est lié au fait de se sentir connecté aux autres, d’être attentif à autrui et d’avoir un sentiment d’appartenance à la fois aux autres individus mais aussi à des communautés de personnes. Le besoin de se sentir en relation avec les autres est déconnecté de l’obtention de certains bénéfices (sexuel par exemple) ou de l’atteinte de différents statuts (devenir membre d’un groupe, devenir épouse, par exemple) l’idée est de partager avec d’autres membres un sentiment d’unité.

Enfin, le besoin d’autodétermination fait référence au fait d’être à l’origine de son propre comportement.

Pour Deci & Ryan (2002) l’autonomie est directement liée au fait d’agir soit par intérêt pour l’activité, soit en vertu des valeurs auxquelles l’individu adhère. Quand ils sont autonomes, les individus voient leur comportement comme une expression du « self » (soi), et ce, même quand les actions sont influencées par des sources extérieures.
Les auteurs font clairement une différence entre les besoins psychologiques et les motivations. Les secondes peuvent éventuellement être une émanation des premières mais ce n’est pas toujours le cas.

Dans ce cadre théorique, il existe de nombreuses motivations qui ne sont essentielles ni pour le bien être de l’individu, ni pour une expérience satisfaisante lors d’une activité.
Ce dernier aspect est au cœur de la théorie de l’intégration organismique.

Cette théorie est basée sur le présupposé que les individus sont naturellement enclins à intégrer les expériences qui leur permettent l’expression des besoins psychologiques fondamentaux exposés précédemment. De plus, les personnes ou les groupes consacrés par l’individu comme référence pour une raison ou pour une autre (parents, amis, groupe de pairs…) encouragent l’individu à faire des activités qui ne présentent pas d’intérêt de prime abord (non intrinsèquement motivantes), puis ensuite en favorisent l’intégration jusqu’à ce qu’elles ne fassent plus l’objet d’une régulation externe au self. Les auteurs parlent d’un continuum d’autodétermination en fonction du degré d’internalisation, là où les conceptions initiales distinguaient « motivation intrinsèque » et « motivation extrinsèque ». Les activités qui relèvent de motivations extrinsèques mais qui sont totalement intégrées au self, dans le sens où elles font partie des valeurs de l’individu, peuvent être aussi fortement autodéterminées que les activités motivées intrinsèquement. Cette conception aboutit donc à la formulation de différentes formes de motivations extrinsèques qui se différencient en fonction du niveau d’autonomie et donc d’autorégulation liée à l’action du self.

La théorie motivationnelle de Deci & Ryan (2002) permet d’appréhender en un ensemble cohérent de multiples formes motivationnelles qui peuvent rendre compte de la diversité des phénomènes, tout en fournissant un cadre théorique permettant d’appréhender un nombre illimité de comportements, d’actions et d’activités. En estimant que différentes formes de motivation se distribuent sur un continuum dit d’autodétermination, ils distinguent trois formes motivationnelles regroupées en ensembles distincts.
Le premier fait référence à l’absence d’autorégulation (pas d’autodétermination) ou de régulation (par la contrainte par exemple) du comportement. Les auteurs parlent ici d’« amotivation » car il ne s’agit pas à proprement parler de caractériser une forme motivationnelle mais plutôt d’évoquer son absence. Lorsque l’individu est amotivé, soit il n’agit pas, soit il agit passivement. Par exemple, un enfant qui dit « je perds mon temps quand je vais à l’école » indique par là, qu’il est résigné.

Pour les auteurs de cette théorie, trois raisons expliquent l’émergence de l’amotivation.

La première est l’impossibilité perçue d’atteindre le résultat souhaité car l’individu a appris à se résigner face à certaines situations (Abramson et al., 1978).

La seconde est la perception par l’individu d’un manque de compétence pour émettre le comportement souhaité, comme le stipule Bandura (2003) dans le cadre du sentiment d’efficacité personnelle.
Enfin, la troisième est le fait que l’activité ou le résultat n’ont aucune valeur aux yeux de l’individu.

Le deuxième ensemble est celui de la motivation extrinsèque. Il se décline en quatre « régulations » qui se distinguent en fonction du niveau d’autodétermination.

Le premier niveau, celui de la régulation externe, représente la motivation extrinsèque la moins autodéterminée. Dans ce cas, l’individu agit soit pour satisfaire une demande externe ou une pression sociale, ou éviter quelque chose de désagréable telle qu’une punition. Par exemple, dans l’échelle de Brière & al. (1995), les individus vont justifier leur pratique d’une activité sportive en disant « parce que ça me permet d’être bien vu par les gens que je connais » ou encore « parce que c’est bien vu des gens autour de moi d’être en forme ». Dans le cadre scolaire, les élèves qui vont à l’école « pour avoir un meilleur salaire plus tard » (Vallerand & al., 1989) s’inscrivent également dans le cadre d’une régulation externe.

Le niveau suivant, deuxième, est celui de la régulation introjectée. Cette régulation n’est pas très éloignée de la précédente dans la mesure où ce sont les mêmes pressions externes qui motivent l’individu. Cependant, si cette fois elles sont gérées de manière plus autodéterminée par ce dernier, il ne va pas jusqu’à les considérer comme faisant partie de lui-même (du « self »). Le comportement est motivé par des incitations et des pressions internes tels que le sentiment de culpabilité, des menaces adressées à l’estime de soi ou au contraire par des compliments qui vont valoriser son ego. En d’autres termes, ce type de motivation est contingent à une régulation du comportement par l’ego.

Dans l’échelle de Brière & al. (1995), les individus qui disent pratiquer une activité sportive « parce qu’il faut absolument faire du sport si l’on veut être en forme » témoignent d’une telle motivation. De même, les élèves qui disent, je travaille à l’école « pour me prouver que je suis une personne intelligente » (Vallerand & al., 1989) font preuves d’une régulation introjectée.

La régulation identifiée est une motivation qui se démarque très clairement des deux formes précédentes. Le comportement n’est plus, cette fois, guidé ou déclenché par une pression extérieure au self mais relève du self lui-même. En ce sens, pour Deci & Ryan (2002), cette motivation extrinsèque est clairement autodéterminée (déterminée par le self, les auteurs parlent de « self-determination »). Le comportement est déclenché car l’individu estime qu’il correspond à quelque chose d’important et de valable pour lui. L’action est donc perçue par l’individu comme venant de lui. Elle est déterminée par lui, elle est donc autodéterminée. L’individu va dire pratiquer une activité sportive « parce que c’est un bon moyen pour apprendre beaucoup de choses qui peuvent lui être utiles dans d’autres domaines de sa vie » (Brière & al., 1995). L’élève va à la l’école « parce que cela va lui permettre de travailler plus tard dans un domaine qu’il aime ».
Pour Deci & Ryan (2002), ces différentes « identifications » peuvent être relativement compartimentées ou, tout du moins, séparées des autres croyances ou valeurs de l’individu. C’est pour cette raison qu’ils introduisent un quatrième niveau qu’ils appellent « régulation intégrée ».

Cette motivation extrinsèque fait référence à toutes ces valeurs, buts et besoins, qui ensemble, définissent la nature même du self. À ce niveau, les différentes identifications sont intégrées en un tout cohérent qui permet à l’individu de développer le « sens de soi » c’est-à-dire qu’elles sont au cœur de ce qui le définit comme individu. Ce dernier s’engage donc spontanément dans des activités qui sont liées à la réalisation de lui-même. Par exemple, une personne qui estime qu’il lui faut vivre en harmonie avec la nature va être une militante écologiste active, s’alimenter uniquement avec des produits cultivés naturellement, s’informer en permanence sur la meilleure façon de vivre en harmonie avec la nature.

Le troisième et dernier ensemble est celui de la motivation intrinsèque. Pour Deci & Ryan (2002) « les comportements intrinsèquement motivés sont ceux qui sont motivés par la satisfaction du comportement en lui-même plus que par les contingences ou les renforcements qui sont opérationnellement séparables de l’activité du sujet » (p10, traduction libre). Les comportements intrinsèquement motivés sont déclenchés de façon totalement libre et autodéterminée, par intérêt et pour le plaisir de pratiquer l’activité en elle-même. La motivation intrinsèque s’appuie sur différentes formes de plaisirs qui ont toutes en commun d’être pleinement autodéterminées.
Brière & al. (1995) ou Vallerand & al., (1989) parlent de motivation intrinsèque à l’accomplissement, à la stimulation ou à la connaissance.

Représentation intégrée de la théorie de l’autodétermination
(d’après Deci & Ryan, 2002)