Le fait de « craquer sous la pression », ce que les anglo-saxons nomment « the Choking under pressure », a fait l’objet de plusieurs tentatives de théorisation (cf. Baumeister & Showers, 1986 pour une revue). À l’heure actuelle, l’une de celles qui semble le mieux expliquer les différents résultats a été avancée par Baumeister (1984). Pour cet auteur, le fait de « craquer sous la pression » peut se définir comme une diminution de la performance dans des circonstances où il est justement important d’augmenter ses résultats ou tout simplement d’avoir de très bonnes performances.

En synthétisant la littérature consacrée au fait « de craquer sous la pression », Baumeister (1984) constate la récurrence de certains phénomènes. Il semble en effet que les différents facteurs qui ont en commun de focaliser l’attention sur le self, comme le fait d’avoir un public (Baumeister & Hamilton, 1985), ont un impact négatif sur des habiletés particulièrement bien automatisées. Plus généralement, le fait de focaliser l’attention évaluative sur le processus de la performance peut la diminuer d’autant plus si cette attention est dirigée sur le résultat de cette performance. En conséquence, pour Baumeister (1984), tous les moyens de pression qui vont avoir pour effet d’augmenter la perception de soi (self-consciousness) tout en accroissant le niveau d’excitation, vont avoir un impact négatif sur les performances qui requièrent de l’habileté de la part de l’individu. Pour Baumeister (1984), la conscience doit tenter d’assurer la justesse de l’exécution en surveillant le processus en cours (coordination des muscles par exemple), mais elle ne doit pas contenir des connaissances déclaratives sur ces mêmes habiletés car dans ce cas, celles-ci vont avoir pour effet d’en perturber le déroulement.

Au cours de différentes expériences, Baumeister (1984) valide cette conception théorique en utilisant un jeu d’adresse. Dans l’une de ces expériences, il montre (Baumeister, 1984, expérience 1) que le fait de demander aux individus de se focaliser sur le processus permettant de réaliser l’activité provoque une diminution des résultats par rapport au fait de demander de surveiller le résultat de l’activité. Dans une autre expérience (Baumeister, 1984, expérience 4), il montre que le fait de réaliser cette activité dans le cadre d’une compétition tout en focalisant l’attention du sujet sur lui-même en présence d’un public féminin (les sujets étant des hommes), provoque là aussi une diminution significative des performances.

Baumeister & Showers (1986) ont procédé à un recensement des différentes expériences qui ont montré comment certaines pressions sont susceptibles de faire craquer l’individu. Parmi les moyens de pression, les auteurs comptabilisent particulièrement les situations de compétition, les récompenses, les punitions, les différentes formes d’implication de l’ego et la présence d’un public. De plus, ils montrent l’existence de médiateurs qui ont un effet facilitant. Il s’agit de la complexité de l’activité, de la faiblesse du sentiment d’efficacité personnelle (Bandura, 2003) et des différences individuelles.

Représentation intégrée du processus susceptible de faire craquer l’individu (d’après Baumeister, 1984)