Pekrun (2006) distingue l’affect, l’émotion et l’humeur. Il définit l’émotion comme un composé de processus coordonnés comprenant des sous-systèmes psychologiques incluant l’affectif, le cognitif, la motivation, l’expression et les processus physiologique périphériques. Les processus affectif sont le cœur des émotions et sont principalement liés pour Pekrun au système limbique. Enfin l’humeur serait une émotion de faible intensité, avec un objet flou ou pas d’objet du tout, et qui s’étendrait sur une durée plus ou moins longue.

La théorie qu’il propose s’applique uniquement à expliquer les émotions d’accomplissement. C’est-à-dire les émotions liées directement aux activités d’accomplissement et/ou au résultat d’accomplissement. Cette prise en compte des émotions d’accomplissement est mise en perspective en fonction de deux grandes catégories d’émotions. La première est celle des émotions qui sont liés aux résultats d’un accomplissement. La seconde, plus spécifique aux travaux de Pekrun, est celle des émotions afférentes aux activités d’accomplissement, ces activités d’accomplissement menant, bien entendu, à des résultats d’accomplissement.

Pekrun fait encore une double distinction dans le cadre des émotions liées aux résultats d’accomplissement. La première renvoie à ce qu’il appelle les « émotions prospectives » (ex : espoir du succès ou anxiété de l’échec) et la deuxième aux émotions dites rétrospectives (ex : fierté ou honte après un feedback). La théorie qu’il propose vise, principalement, à expliquer comment surgissent les différentes émotions d’accomplissement.

La théorie de la valeur et du contrôle des émotions d’accomplissement (control-value theory of achievement emotions) estime que deux grandes formes d’évaluations sont cruciales pour expliquer les émotions d’accomplissement.

1 – Le contrôle subjectif sur les activités d’accomplissement et leurs résultats (attente qu’une activité d’accomplissement puisse être menée à bien et qu’elle mène au succès).

2 – La valeur subjective de ces activités et de leurs résultats (importance perçue du succès).

La notion de contrôle subjectif fait ici référence à la perception de l’influence causale de l’agent sur les actions ou les résultats. Perkrun (2006) fait, là encore, une différence entre deux types d’explications causales.

1 – Les expectations causales sont des cognitions prospectives qui visent à expliquer la relation entre une cause et son futur effet - par exemple, l’impact de l’effort actuel sur la performance d’un examen à venir.

2 – Les attributions causales sont, à l’inverse, les cognitions rétrospectives qui font la relation entre une cause et un effet donné - par exemple, les causes du succès à un examen récent.

En plus des explications causales, trois formes d’expectations doivent être également prises en compte.

1 – Situations d’expectations de résultats - Certaines situations peuvent soit conduire à des résultats positifs sans intervention, soit produire des résultats négatifs, si aucune mesure adéquate n’est prise.

2 – Expectation de contrôle des actions et des résultats - Il s’agit des attentes de faisabilité et d’initiation de l’action. Cette dernière peut produire des résultats positifs ou prévenir, réduire, voire en finir avec des résultats négatifs.

3 – Expectation totale de résultats - Les deux formes d’expectations précédentes (à la fois sur les résultats et sur le contrôle des actions et des résultats) sont utilisées pour évaluer la contrôlabilité générale et la probabilité d’un résultat.

Pour résumer l’ensemble du modèle, il est possible de dire que Pekrun (2006) utilise les différentes formes d’expectations et d’attributions pour établir le niveau de contrôle (faible, moyen ou fort) que l’individu estime avoir sur les deux formes de résultats (prospectifs et rétrospectifs) ainsi que sur les actions qui conduisent à ces résultats. Ce niveau de contrôle est ensuite combiné à la valeur que revêt la réussite ou l’échec du résultat ou de l’activité, qui permet d’atteindre le résultat. C’est l’ensemble de cette combinatoire qui permet d’expliquer les émotions d’accomplissement. Ces émotions font partie de trois grands ensembles.

1 – Pour les émotions prospectives comme l’espoir, l’anxiété ou le désespoir, la question essentielle concerne le contrôle que pense avoir l’individu sur son succès, l’évitement de l’échec ainsi que les moyens disponibles qu’il peut mettre en place dans ces deux cas de figure. L’intensité de ces émotions est supposée être une fonction positive, négative ou curvilinéaire des expectations et de la valeur du résultat.

2 – En ce qui concerne les émotions rétrospectives, telle que la joie, la tristesse ou la frustration, la question du contrôle se centre également (en plus de l’expectation) sur le fait de savoir si c’est le self ou une circonstance extérieure (humaine ou non) qui a causé le résultat. L’absence d’un résultat attendu provoque le désappointement dans le cas d’une réussite espérée et le soulagement en cas d’échec redouté. La fierté et la honte sont induites par un échec ou un succès uniquement si la cause peut être attribuée à ses propres actions, à ses attributs ou à ses états.

3 – Les émotions liées aux activités d’accomplissement partent du principe que l’activité elle-même est jugée comme étant valable tout en restant suffisamment contrôlable par le self. Lorsque les deux facteurs précédents sont présents, l’activité est plaisante pour l’individu. Une activité contrôlable mais dévaluée génère, pour sa part, de la colère. Enfin, si l’activité est jugée valable mais incontrôlable, elle provoque de la frustration.

Représentation intégrée de la théorie du contrôle et de la valeur des émotions d’accomplissement (d’après Pekrun, 2006)