Hidi & Renninger (2006) font reposer leur modèle sur la distinction « intérêt situationnel » et « intérêt personnel ».
Ces auteurs estiment que l’intérêt, en tant que variable motivationnelle, fait référence à un état psychologique d’engagement ou de prédisposition au réengagement envers différentes classes d’objets, d’événements ou d’idées et ceci de manière récurrente. Même si l’intérêt est partiellement biologique, il est le résultat d’une interaction entre l’individu et un contenu particulier. Cette interaction entre l’individu et son environnement n’est pas innée mais le fruit d’une histoire, autrement dit, pour Hidi & Renninger (2006) : non seulement les intérêts se développent mais, en plus, ils ne sont pas forcément stables. Leur modèle de développement des intérêts, qui s’appuie sur de nombreuses études empiriques, selon un processus en quatre phase :

1. Déclenchement de l’intérêt situationnel - Cet état psychologique d’intérêt résulte d’une modification pour un temps relativement court, des traitements d’ordre émotionnels et cognitifs. Cette activation peut se produire via certains éléments présents dans un texte comme la présence d’informations incongrues, surprenantes ou l’identification à certains personnages. Le déclenchement de l’intérêt situationnel est généralement externe mais pas exclusivement. Certaines conditions d’apprentissages comme le travail en groupe, l’utilisation d’ordinateur, de jeux par exemple peuvent participer au déclenchement de l’intérêt situationnel. Enfin, l’intérêt situationnel est considéré comme le précurseur d’une prédisposition au réengagement de certains contenus.

2. Maintien de l’intérêt situationnel - Cet état implique une focalisation de l’attention et une persistance qui dépasse le court terme et qui est susceptible de se reproduire. L’intérêt situationnel peut être soutenu en donnant du sens, de l’importance et de la valeur à l’activité, et en favorisant l’implication personnelle de l’individu. Le soutien de cet état est plutôt externe. Les conditions d’enseignement comme l’apprentissage par projet, le travail coopératif et le tutorat individuel peuvent contribuer à maintenir l’intérêt situationnel. Le maintien de l’intérêt situationnel peut, dans certains cas, contribuer au développement ou à la prédisposition au réengagement envers certains types de contenus et à devenir une forme d’intérêt plus développée (passer à la troisième phase).

3. Émergence de l’intérêt individuel - Il s’agit tout autant d’un état que du commencement d’une phase qui marque le début d’une prédisposition relativement stable au réengagement envers une classe particulière de contenu. L’émergence de l’intérêt individuel est caractérisée par des sensations positives, des connaissances et des valeurs liées à certains types de contenus. À ce stade, l’étudiant éveille seul sa curiosité, fait davantage preuve d’anticipation et est enclin à produire davantage d’efforts quand cela s’avère nécessaire. Cette étape est typiquement générée de manière autonome, mais pas exclusivement. L’intérêt individuel peut requérir des supports externes comme des tuteurs, des experts qui vont permettre d’accéder à une plus grande compréhension et qui vont conforter l’individu lorsqu’il est confronté à des activités très complexes.

4. Intérêt individuel développé - Il s’agit d’un état ou d’une prédisposition à réengager une classe particulière de contenus et ce de manière stable dans le temps. Les conditions d’enseignement ou les environnements d’apprentissage peuvent faciliter cette forme d’intérêt en fournissant des opportunités qui favorisent l’interaction, le challenge ou l’encouragement de la construction de connaissances.

Représentation intégrée des phases de développement de l’intérêt
(d’après Hidi & Renninger, 2006)