La théorie de l’action raisonnée d’Ajzen & Fishbein (1980) rejette l’idée que les actions de l’individu puissent êtres sous-tendues par des motivations inconscientes qui sont par nature capricieuses et imprévisibles. Pour eux, avant d’agir, l’être humain considère les implications de ses actions et en fonction de cela décide ou non de s’engager dans l’action, d’où le nom de leur théorie. Le fait de parler d’action plutôt que de comportement fait référence à un problème méthodologique d’observation des uns et des autres.

Pour Ajzen & Fishbein (1980), il est impossible d’observer ce qu’ils appellent des « classes comportementales » comme l’agression mais seulement des actions spécifiques ou des actes individuels qui peuvent être qualifiés d’agressifs. Pour eux, la plupart du temps, les individus n’arrivent pas à distinguer ce qui est de l’ordre du comportement de ce qui est de l’ordre du résultat du comportement. Par exemple, un succès aux examens n’est pas un critère pour mesurer un comportement mais seulement un résultat possible. Leur analyse les conduit donc à considérer l’action, la cible de cette action, le contexte dans lequel elle apparait et le temps qu’il faut pour la réaliser.

Pour eux, la plupart du temps, l’action est sous-tendue par un contrôle volitionnel, ce qui fait de l’intention son déterminant le plus direct. Par un jeu de cascade, le problème de la prédiction des actions devient donc celui des déterminants des intentions. Pour eux, les intentions de l’individu sont fonctions de deux principaux déterminants :

  • Le premier est l’attitude envers le comportement. L’attitude, dans cette conception théorique, fait référence aux évaluations positives ou négatives liées à la réalisation effective du comportement. Ces attitudes sont elles-mêmes déterminées par des croyances. Les croyances qui se rattachent au comportement de l’individu sont appelées des « croyances comportementales ». Dans la mesure où les comportements conduisent à des résultats, il est important également de prendre en considération l’attitude ; c’est-à-dire l’évaluation positive ou négative, du résultat du comportement. Ces attitudes sont liées aux croyances car ce sont ces dernières qui permettent à l’individu de savoir si le fait de réaliser tel ou tel comportement va avoir des conséquences positives ou négatives. L’attitude envers un comportement correspond donc à l’ensemble des conséquences favorables ou défavorables amendées du poids des croyances qui consiste à estimer que le fait de réaliser le comportement va avoir telle ou telle conséquence. C’est pour cette raison, qu’Ajzen & Fishbein (1980) préconisent d’évaluer la probabilité qu’une série de conséquences se produise (positives ou négatives) si l’individu adopte un comportement donné.
  • Le deuxième déterminant de l’intention est la perception de la pression sociale liée à la norme qui incite ou, au contraire, décourage l’individu d’effectuer le comportement. Les normes sociales dépendent, elles aussi, des croyances, mais celles-ci résultent des conjectures sur ce que le groupe pense qu’il devrait, ou ne devrait pas, faire dans certaines situations. Il s’agit de croyances normatives. Ces croyances normatives sont véhiculées par des normes subjectives qui, elles-mêmes dérivent, de ce que pense une personne considérée comme référent dans une situation donnée. Autrement dit, seules des personnalités étiquetées comme importantes sont en mesure d’affecter les normes subjectives de l’individu. Il est donc nécessaire de prendre en compte la motivation que les individus ont à se conformer aux souhaits supposés de chaque référent.

Enfin, l’importance de ces deux facteurs n’est pas identique dans toutes les situations. Dans certains cas, les intentions de l’individu seront principalement dictées par les normes sociales, alors que dans d’autres, ce sont les attitudes envers le comportement qui vont être prépondérantes.

Par ailleurs, Ajzen & Fishbein (1980) n’oublient pas qu’un certain nombre de variables externes vont influencer celles qu’ils prennent en compte dans leur modèle. Cependant, pour eux, ces variables ont principalement un effet distal alors que celles qu’ils considèrent ont un effet proximal.

Représentation intégrée de la théorie de l’action raisonnée
(d’après Ajzen & Fishbein, 1980)