Comme pour la conception théorique de Peak (1955), cette théorie repose sur une distinction entre différentes formes de résultats. Plus précisément, elle distingue le résultat d’une activité et les conséquences de ce résultat sur la satisfaction. Cette dernière peut avoir un impact sur la motivation de l’individu. Pour Vroom (1964), trois facteurs sont susceptibles d’affecter la motivation : la valence, l’instrumentalité et l’expectation.
Une des préoccupations centrale de Vroom (1964), dans sa conception de la motivation au travail, est l’appréciation des « préférences » individuelles envers certains types de résultats. Il liste les différents concepts qui sont utilisés à son époque pour apprécier cette attraction. Il cite pêle-mêle l’incitation (Atkinson, 1964), l’intérêt (Holland, 1966) ou encore la valence (Lewin, 1935).
C’est sur ce dernier concept qu’il arrête son choix. « Afin de rester consistant durant tout cet ouvrage, nous utiliserons le terme de "valence" en référence à l’orientation affective envers certains résultats particuliers. Dans notre système, un résultat a une valence positive quand la personne préfère l’atteindre plutôt que de ne pas l’atteindre (…) il est supposé que la valence peut prendre une large gamme de valeurs positives et négatives » (Vroom, 1964, p. 18, traduction libre). Cependant, pour Vroom, la valence doit tenir compte de l’anticipation de l’individu.
« Un individu peut désirer un objet mais avoir peu de satisfaction à son obtention (…). À n’importe quel moment, il peut il y avoir une différence entre la satisfaction anticipée pour un résultat (sa valence) et sa satisfaction actuelle (sa valeur) (…). La valence d’un résultat pour une personne est une fonction monotone ascendante de la somme algébrique du produit de toutes les valences de tous les autres résultats et de l’instrumentalité pour atteindre ces autres résultats » (Vroom, 1964, p. 18-20, traduction libre).
L’instrumentalité fait directement référence aux travaux de Peak (1955). Comme pour Peak, l’instrumentalité concerne la relation entre le résultat d’une action et les conséquences de ce résultat. À l’image de ce qui se passe pour la valence, l’instrumentalité varie elle aussi de 0 (le résultat de l’action ne produit pas de conséquence avec une valence) à 1 (le résultat produit toujours une conséquence avec une valence). Le modèle de Vroom part donc du principe qu’il existe deux niveaux de valences articulées entre elles. Le premier est celui de la valence de réalisation du résultat qui se combine avec l’instrumentalité. La somme de ces différentes valences de réalisation alliée à leur instrumentalité produit une valence de deuxième niveau qui est la valence du résultat.
Équation 1. Valence du résultat (Vrom, 1964)
En plus de l’expectation et de la valence, il est nécessaire pour Vroom de tenir compte du contrôle de l’individu sur le résultat. Ce contrôle dépend du niveau d’expectation.
« Si l’individu choisit entre différentes alternatives qui impliquent des résultats incertains, il semble clair que le comportement est affecté non seulement par les préférences entre ces différents résultats mais aussi par le degré de croyance qu’il nourrit envers la probabilité que ces résultats puissent advenir (…). Une expectation est définie comme une croyance momentanée concernant la probabilité qu’un acte particulier puisse être suivi d’un résultat particulier. » (Vroom, 1964, p. 20, traduction libre).
L’expectation peut prendre une valeur comprise entre 0 (l’action n’est jamais suivie du résultat) et 1 (l’action est toujours suivie du résultat). Pour lui, si l’expectation est une association action-résultat qui varie entre 0 et 1, l’instrumentalité est une association résultat-résultat qui fluctue de -1 à +1 en passant par 0.
Si l’instrumentalité est de -1, cela veut dire que l’individu croit que la réalisation du second résultat est certaine sans le premier résultat et impossible si ce dernier se produit. À l’inverse, si l’instrumentalité est de +1 alors l’individu croit que le second résultat se produira nécessairement avec la réalisation du premier.
Pour Vroom (1964), la valeur du résultat se combine avec l’expectation pour donner lieu à une seconde équation qui permet de déterminer la force de l’action.
Équation 2. Force de l’action (Vroom, 1964).
Représentation intégrée de la théorie VIE (d’après Vroom, 1964)