Elliot & Harackiewicz (1996) s’appuient sur les travaux de Dweck & Legget (1988) pour proposer une modélisation qui introduit, dans un premier temps, une distinction dans le cadre du but de performance. Elliot & Harackiewicz (1996) soutiennent l’idée qu’il n’existe non pas un mais deux buts de performances. Ces auteurs rapprochent leur conception théorique de celle de la motivation d’accomplissement d’Atkinson (1964 ) qui postule l’existence d’une motivation liée à l’attirance de la réussite et une autre liée à l’évitement de l’échec. Elliot & al. (1996, 1999) proposent donc de faire une distinction entre deux buts de performance : le but d’approche de la performance et le but d’évitement de l’échec.
Pour ces auteurs, le but d’approche de la performance et le but d’apprentissage présentent de nombreuses similitudes. Ces deux buts sont auto-régulés par la promesse d’un résultat positif (le fait d’atteindre la performance normative et le fait de maîtriser l’activité). Ces deux approches donnent lieu à une régulation commune qui génère des processus cognitifs et affectifs facilitant un optimum d’engagement (mise au point d’un challenge, sensibilité aux informations qui mènent à la réussite, immersion cognitive et affective dans l’activité). À l’inverse, le but d’évitement de l’échec est conceptualisé comme une auto-régulation qui se focalise sur les résultats négatifs potentiels. Cette forme de régulation implique des processus d’autoprotection qui vont interférer avec un engagement optimal de l’activité (par exemple, menace de l’estime de soi, sensibilité aux informations à même de provoquer l’échec, préoccupation anxiogène reportée sur soi plutôt que sur l’activité). Le but d’évitement de l’échec serait à même de conduire l’individu à la résignation et ceci contrairement au but d’approche de la performance.
En 2001, Elliot & McGregor introduisent une seconde distinction, cette fois au niveau du but d’apprentissage, qui est davantage conceptualisé comme une orientation envers la maîtrise de l’activité et donc de compétence. Cette orientation vers la maîtrise inhérente à l’apprentissage leur permet de proposer une conceptualisation davantage orientée vers la performance. Cet ajout d’un second but au niveau de l’orientation vers la maîtrise a pour effet de créer une sorte d’équivalence avec le but de performance. Ce qui permet à ces auteurs de proposer une nouvelle conceptualisation permettant d’intégrer l’ensemble de la structure but maîtrise/performance, approche/évitement en un tout. Ils proposent de faire reposer cette structure sur deux concepts clefs en relation avec la notion de compétence.
- Le premier est lié à la forme d’évaluation de la compétence. Cette dernière peut être définie à partir des références ou des standards qui sont utilisés pour évaluer une performance. Trois standards différents peuvent être identifiés : absolu (en référence à l’activité elle-même), intra personnel (par rapport à ses performances passées ou le potentiel maximum de l’individu) et normatif (la performance des autres).
- Le deuxième concept est celui de valence (Lewin, 1935) envers la performance. Cette valence peut être positive quand la possibilité est désirable (succès) ou négative quand l’éventualité est indésirable (échec). Ces deux concepts permettent de constituer ce que les auteurs appellent une structure 2 x 2 des buts d’accomplissement comme nous pouvons le voir sur le tableau ci-dessous.
Tableau. Structure 2 x 2 des buts d’accomplissement (Elliot & McGregor, 2001)
Le but d’approche de la maîtrise correspond au but d’apprentissage tel que peuvent le décrire Dweck & Legget (1988) ou comme le concevait l’approche précédente d’Elliot & Harackiewicz (1996). Dans le cadre du but d’évitement de la maîtrise, la compétence reste définie en référence à des critères absolus ou intra personnels, ce qui amène l’individu à éviter l’incompétence en référence à cette forme de référencement. Les individus qui poursuivent un but d’évitement de la maîtrise vont donc éviter de faire moins bien que leurs performances passées ou vont estimer qu’ils ne peuvent augmenter leur performance sur l’activité cible. Ce type d’orientation pourrait donc théoriquement se trouver, par exemple, chez les anciens athlètes de haut niveau qui savent que ne pouvant faire mieux que leurs performances antérieures, vont éviter de pratiquer leur sport de prédilection. L’obsession chez les individus orientés vers un but d’évitement de l’échec serait donc de ne pas prendre le risque de faire moins bien que précédemment.