La théorie du système motivationnel (Motivational system theory) de Ford (1992) repose sur trois ensembles conceptuels qui trouvent leurs racines dans les besoins.
Ford propose deux grands types de besoins.
Dans la première catégorie, se trouvent les besoins qui étayent les opérations matière/énergie qui permettent le fonctionnement des processus vitaux et donc à la personne de vivre. Entrent, dans la deuxième catégorie, les besoins qui sous-tendent un traitement psychologique lié au traitement de l’information. Cette distinction est relativement comparable à celle qui est proposée dans le modèle intégratif entre besoin biologique et psychologique.
Pour Ford (1992) les besoins représentent le soubassement de tous les comportements humains mais il estime que la motivation humaine repose plus particulièrement sur trois concepts clefs.
A. Les processus cognitif d’orientation (directive cognitive processes) Pour Ford, les buts sont des processus qui ont pour caractéristiques d’être anticipatoires et évaluatifs dans le sens où ils représentent des états ou des résultats futurs désirés et qu’ils préparent la personne à tenter de les atteindre. Les buts donnent lieu à la mise en place de processus de régulation qui s’appuient sur des critères permettant à l’individu d’évaluer l’adéquation de son comportement. Pour Ford, l’individu met en place des buts d’évaluation permettant de conduire les processus de régulation. À côté de ces buts, Ford parle de buts personnels qui intègrent une composante motivationnelle, insistant sur le fait que ces buts qui dirigent l’activité de l’individu lui sont toujours inhérents. Cependant, ces buts personnels sont construits en prenant appui sur le contexte. Cette internalité indispensable des objectifs conduit Ford à affirmer que l’impact motivationnel d’un but n’est effectif que s’il est adopté par l’individu en tant que but personnel. Il propose une liste de ce qu’il appelle des catégories de buts ou prototype conceptuel qui représentent un ensemble d’états finaux, ou de résultats, avec une signification similaire pour l’individu.
Ces catégories sont les suivantes.
a. Conséquences désirées intra personnelles
a1. But affectifs : divertissement, tranquillité, amusement, sensations, bien-être physique.
a2. Buts cognitifs : exploration, compréhension, créativité intellectuelle, auto-évaluation positives.
a3. But d’organisation subjective : sensation d’unité humaine, transcendance.
b. Conséquences environnementale désirée
b1. But de confiance personnelle interpersonnelle : individualité, auto-détermination, supériorité, acquisition de ressource.
b2. But d’intégration interpersonnelle : relation sociale, responsabilité sociale, équité, provision de ressource
b3. But d’activité : maîtrise, création d’activité, management, gain matériel, sécurité.
Pour Ford, les comportements sont organisés de manière à servir simultanément de multiples buts. Les objectifs sont organisés hiérarchiquement. Un comportement pleinement fonctionnel implique une stratégie mettant en place des buts à court terme qui sont combinés avec une révision récurrente des buts à long terme qui donnent le sens et l’organisation des buts à court terme. Les activités les plus motivantes pour Ford seraient donc celles qui permettent en même temps d’atteindre différents types d’objectifs.
B. Croyance d’agentivité personnelle (personal agency beliefs). Ce concept regroupe deux conceptions.
Les croyances de capacités (capability beliefs) sont des évaluations d’expectations qui sont formulées par la personne. Elles permettent de pronostiquer si elle a les capacités requises pour atteindre l’objectif fixé.Les croyances contextuelles (context beliefs) sont des évaluations que formule la personne vis-à-vis de son environnement lui permettant de savoir si ce dernier peut l’aider à atteindre ses objectifs. Ensemble, ces deux formes d’évaluation établissent les croyances d’agentivité personnelle.
C. Processus d’activation émotionnelle (emotional arousal processes) :
Pour Ford (1992), les émotions sont des processus motivationnels qui fournissent à l’individu des informations évaluatives sur les problèmes et les opportunités qui la concernent directement. Elles sont également considérées comme anticipatoires dans la mesure où elles créent un état d’activation qui prépare l’individu à appréhender les problèmes et les opportunités. Les émotions sont également une clef énergétique motivationnelles. Cependant, pour Ford, les émotions restent au service du système biologique tout en étant liées aux processus qui régulent les fonctionnements comportementaux et psychologiques.
Pour Ford ces trois concepts clefs interagissent de manière multiplicative (comme dans le modèle d’Atkinson, 1964). La motivation n’est pas conçue comme pouvant fonctionner sans que l’une des trois composantes soit présente.
Représentation intégrée de la théorie du système motivationnel
(d’après Ford, 1992)