La théorie de l’équité que propose Adams (1963) s’inspire de la théorie de Festinger sur la dissonance (1957 ). Pour elle, le travailleur va, en permanence comparer les différentes conditions de son emploi avec celles d’autres individus. Cette comparaison peut aboutir au constat d’une dissonance. Cette conclusion va générer une source de tension que l’individu va chercher à réduire en fonction des possibilités que lui offre la situation.
Deux expériences d’Adams & Rosenbaum (1962) permettent de mieux comprendre les différents impacts de l’équité. Dans la première étude, les auteurs ont comparé deux groupes de sujets. Des étudiants de l’université de New-York étaient engagés par le service de placement pour un travail à temps partiel dans le cadre duquel ils devaient réaliser des interviews pour une enquête démographique. Les étudiants devaient dans un premier temps remplir un questionnaire concernant leur formation et leur expérience professionnelle. Dans un deuxième temps, l’employeur déclarait à une partie des étudiants qu’ils n’avaient pas la qualification nécessaire pour conduire les interviews. Cependant, après un coup de téléphone fictif en leur présence, l’employeur se résignait à les embaucher. L’autre partie des étudiants ne passaient pas par cette phase de mise en scène. Au contraire, l’employeur leur signifiait qu’ils avaient le niveau de qualification requis pour l’emploi. L’emploi débutait par une période d’essai de 2 h 30, à l’issue de laquelle le nombre d’interviews était comptabilisé. Les résultats ont montré que le groupe dit « sous-qualifié » a réalisé significativement plus d’interviews que l’autre groupe.
Dans la deuxième expérience, le protocole était le même excepté pour le mode de rémunération. Dans les deux premiers groupes, les sujets étaient tous payés à l’heure tandis que dans les deux autres groupes, les sujets étaient payés à la pièce. Un des deux groupes de chaque mode de rémunération est « sous-qualifié » avec la même procédure expérimentale. Cette fois, les résultats ont permis de constater que lorsque le salaire était à l’heure, les sujets du groupe « sous-qualifié » produisaient plus d’interviews. Par contre, quand le salaire était à la pièce, ils avaient tendance à en faire moins. Pour la théorie de l’équité, dans le premier cas, les sujets fournissent plus d’interviews pour compenser leur sous-qualification et donc être équitablement payés par rapport aux autres individus ; par contre, dans le deuxième cas, le fait d’être moins payés est jugé plus équitable (toujours en fonction du niveau initial).
Pour Adams, la motivation qui vient du sentiment d’iniquité fait suite à l’analyse d’une situation. L’individu va chercher à réduire le sentiment d’injustice qu’il perçoit face à la situation. Roussel (1996) présente la conception d’Adams (1963) sous la forme des ratios suivants :
Ratio personnel = Ap / Cp
- Ap = Avantages (A) retirés par la personne (p) de son emploi
- Cp = Contributions (C) données par la personne (p) à son organisation de travail.
Il utilise également un deuxième ratio, appliqué cette fois à autrui :
Ratio autrui = Aa / Ca
- Aa = Avantages (A) retirés de leur emploi par d’autres personnes (a) prises comme point de repère
- Ca = Contribution (C) données par d’autres personnes (a) prises comme points de repère à leur organisation de travail.
L’individu va utiliser ces deux ratios dans chaque situation pour estimer l’équité ou l’iniquité de cette dernière :
- Ratio personnel = Ratio autrui alors Équité
- Ratio personnel < Ratio autrui alors iniquité négative
- Ratio personnel > Ratio autrui alors iniquité positive
Lorsque les deux ratios sont équivalents, la situation est jugée équitable et ne produit aucune motivation. Lorsque le ratio personnel est inférieur, l’iniquité va pousser par exemple l’individu à faire moins d’efforts s’il s’estime injustement moins rémunéré qu’autrui. À l’inverse, lorsque le ratio personnel est supérieur au ratio d’autrui, l’individu va essayer de rééquilibrer la situation en faisant moins d’effort ou en jouant sur d’autres caractéristiques de l’environnement ou de l’activité.
Représentation intégrée de la théorie de l’équité
(d’après Adams, 1963)