« Dans un sens large, la perception de contrôle peut être pensée comme un modèle causal naïf permettant aux individus d’expliquer le fonctionnement du monde : quelles sont les causes des événements désirables et indésirables, quel rôle ont-ils joué dans le succès ou l’échec, quelle est la responsabilité des autres personnes, des institutions, du système social ? Comme le note Brim (1976) : le sens du contrôle personnel est en fait un système de croyance. C’est-à-dire une théorie sur soi-même en relation avec son environnement basée sur un principe causal permettant d’apprécier si les résultats sont la conséquence de son propre comportement ou s’ils tendent à apparaître indépendamment de celui-ci. Les individus cherchent à expérimenter le contrôle car les êtres humains ont besoin d’être efficaces dans leurs interactions avec leur environnement. L’expérience de contrôle est en elle-même quelque chose de plaisant alors que la perte du contrôle peut être dévastatrice » (Skinner, 1995, p. XVI-XVII, traduction libre).

Pour Skinner (1995), le contrôle perçu repose sur le besoin d’effectance (White, 1959) et donc de compétence selon lequel l’être humain a fondamentalement besoin de se sentir efficace dans ses interactions avec l’environnement. Pour elle, le fait de placer l’origine de la perception de contrôle sur un besoin permet de rendre compte d’une source profondément individuelle, sur laquelle l’influence de l’environnement ne peut être que second. Pour Skinner (1995), le fait d’émettre un tel postulat permet d’affirmer que le besoin de compétence est l’ultime source de pouvoir qui permet aux individus d’être la source et les agents de leurs propres motivations.

Fondamentalement, Skinner (1995) estime que toutes les croyances de contrôle font partie d’un système plus important lié à la gestion de ses compétences, qui a pour fonction de réguler et d’interpréter les interactions avec l’environnement. Il est donc possible d’avoir une vision séquentielle des croyances qui régissent la perception de contrôle. Avant l’engagement, les croyances de contrôle régulent la qualité de l’action. Après l’engagement, elles permettent d’interpréter la performance (en termes de croyance de capacité et de stratégies). D’un point de vue conceptuel, Skinner (1995) estime que la croyance de contrôle n’est que l’une des trois croyances nécessaires pour comprendre l’action de l’individu. L’action elle-même repose sur trois éléments fondamentaux, qu’elle utilise pour définir les différentes formes de croyances : l’agent (le self), les moyens et les fins. La croyance de contrôle fait référence aux expectations généralisées, qui spécifient dans quelle mesure le self peut produire des événements désirés ou prévenir des événements non désirés. Elle permet d’articuler l’agent et la fin. Ces croyances sont équivalentes aux expectations de performances et à l’estimation du succès. Les croyances moyens-fins se définissent comme des expectations généralisées qui permettent d’apprécier dans quelle mesure certains moyens ou certaines causes sont des conditions suffisantes pour produire les fins ou les résultats. Ces croyances sont utilisées pour savoir si un comportement ou une réponse donnée de la part de l’individu va effectivement être en mesure de produire le résultat
Enfin, les croyances de capacités ou d’agentivité sont des expectations généralisées qui permettent d’estimer dans quelle mesure le self possède ou a accès à certaines causes. Ces croyances se trouvent entre l’agent et les moyens.

Le terme « croyance » est utilisé ici pour insister sur la nature de la perception de contrôle. Une croyance est en effet plus une conviction que quelque chose qui s’appuie sur des éléments bien tangibles. Ensemble, les trois croyances décrites ont pour fonction de réguler et d’interpréter l’action.

Représentation intégrée de la théorie du contrôle perçu (d’après Skinner, 1995)