Le modèle d’expectation-valeur proposé par Eccles et ses collaborateurs (Eccles, 2002, 2005 ; Wigfield & Eccles, 2002) repose sur l’influence que peuvent avoir deux grandes catégories de variables (expectation de succès et la valeur subjective de l’activité) sur le choix des activités d’accomplissement et les performances scolaires. Dans ce modèle, les choix sont supposés être influencés par les caractéristiques positives et négatives de l’activité. De plus, quelque soit le choix opéré par l’individu, ce dernier est associé à un coût précisément à cause du fait qu’il élimine les autres options. En conséquence, la valeur relative et la probabilité de succès de toutes les options sont des clefs déterminantes en ce qui concerne le choix. Pour Eccles (Eccles, 2002, 2005), l’expectation de succès est une croyance que l’individu a sur la réalisation satisfaisante d’une activité future que ce soit à court terme ou à long terme. Eccles (2002, 2005) estime que la valeur de l’activité est constituée de quatre composantes : la valeur de sa réussite, sa valeur intrinsèque, sa valeur utilitaire et son coût.

Eccles (2002, 2005) se réfère à Battle (1966) pour définir la valeur de la réussite comme l’importance personnelle liée au fait de réaliser une activité correctement, comme pour en retirer la satisfaction du travail bien fait. L’importance de cette valeur est directement liée au self de l’individu. Certaines activités présenteraient en particulier une affordance envers une série de besoins individuels et de valeurs personnelles. En grandissant, les enfants développent une image de ce qu’ils sont et de ce qu’ils voudraient être. Ces images sont le fruit d’une multitude d’influences telle que :

  • les conceptions de ses propres capacités et de sa personnalité ;
  • les buts à long terme et les plans ;
  • les schémas, scripts et stéréotypes notamment ceux que diffusent les personnes qui ont des rôles proches de l’individu (notamment ceux liés au sexe) ;
  • les motivations effectives et l’orientation des buts (performance versus apprentissage, Dweck & Legget, 1988) ;
  • les images idéales ou les espoirs.

La valeur intrinsèque fait référence au plaisir, à l’excitation et plus généralement à toutes les émotions positives que peut ressentir l’individu lorsqu’il pratique une activité. Cette conception est directement à rapprocher des concepts de motivation intrinsèque (Deci & Ryan, 2002), d’intérêt (Schiefele,1991 ; Kintsch, 1980) ou même de flow (Csikszentmihalyi, Abuhamdeb, Nakamura, 2005).

La valeur utilitaire d’une activité est en relation avec les possibilités qu’elle offre de réaliser des objectifs futurs comme ceux liés à la carrière professionnelle. Une activité peut avoir une valeur pour l’individu au travers des facilitations qu’elle offre en connexion avec des objectifs considérés comme importants pour l’individu. Cette valeur est relativement proche des conceptions de motivations extrinsèques fortement autorégulées (identifiée et intégrée, Deci & Ryan, 2002). Pour Eccles (2002), la valeur utilitaire est directement liée à l’internalisation des buts à court terme et à long terme.

Pour Eccles (2002, 2005), les coûts sont considérés comme un élément critique qui permet à l’individu d’apprécier la valeur. Les coûts sont conceptualisés en termes d’aspects négatifs liés à l’engagement dans l’activité, comme l’anxiété en relation avec la performance, la peur de l’échec mais aussi du succès, la somme des efforts nécessaires pour réussir ou encore la perte d’opportunités subséquentes au fait de faire un choix plutôt qu’un autre.

Représentation intégrée du modèle d’expectation-valeur de l’accomplissement choix/performance (d’après Eccles, 2005)