Le concept de valence a été utilisé dans différentes théories cognitives de la motivation (Vroom, 1964 ; Atkinson, 1964). Cependant, il est le fruit de la conception gestaltiste de Lewin (1935). Avant de l’expliquer, il est nécessaire de revenir quelque peu sur la théorie de champs que Lewin propose pour expliquer la motivation humaine.

Pour Lewin (1935), le comportement est le produit de l’environnement psychologique (life span) qui dépend principalement de la perception que l’individu a de cet environnement. Si le monde perçu est lié au monde physique, tel que peuvent le décrire les sciences physiques, il ne lui est pas identique. Le comportement dépend de la relation entre les besoins de l’individu et certains aspects de l’environnement qui acquièrent ainsi une fonction d’objectif. D’autres aspects de l’environnement sont conçus comme des obstacles ou des barrières dressées comme autant d’étapes à franchir avant d’atteindre l’objectif souhaité. L’environnement psychologique (life span) est un ensemble de régions qui correspondent à des étapes ou à des activités. Un besoin donné crée un état de tension dans une région de l’environnement psychologique et le, ou les objets, susceptibles de satisfaire ce besoin acquièrent une propriété d’attraction. Par exemple, l’eau n’est attractive que pour l’individu qui a soif ou qui doit s’en servir pour arroser des légumes qui par ailleurs peuvent nourrir l’individu.

Pour Lewin (1935), la valence d’un objet dérive directement du fait qu’il soit un moyen de satisfaction directe ou indirecte d’un besoin. Le type (le signe) ainsi que la force de la valence d’un objet, ou d’un événement, dépend directement du niveau d’activation du besoin. L’individu a des besoins qui ont pour effet de créer des « états de tension » qui ont pour corollaire de créer des attractions et ou des répulsions (des valences) pour des éléments qui sont présents dans différents endroits de l’espace psychologique. L’individu peut donc être représenté au milieu d’un champ de forces entouré de régions avec des valences positives et négatives. Le chemin qu’emprunte la personne pour atteindre un endroit de l’espace psychologique dépend entièrement des forces en présences. Si le psychologue est capable de cartographier les différents champs de l’espace psychologique et de leur affecter une valence, il est donc en mesure de déterminer le comportement que va émettre l’individu.

Lewin ne dresse pas une liste de besoins, mais souligne que les tensions sont accompagnées d’intentions. Ainsi, si une personne dit vouloir réaliser une activité ; une intension correspondante est formulée. Si l’activité est interrompue avant la finalisation de l’activité, l’individu est susceptible de revenir la terminer par la suite.
En plus de la force inhérente à la tension qui accompagne le besoin et/ou les propriétés de l’objet, l’intensité de la force, ou la tendance au changement, est dépendante de la distance relative au but. Pour Lewin, l’intensité de la force augmente de façon inversement proportionnelle à la distance psychologique qui sépare l’objet but de la personne.

Représentation intégrée de la valence
(d’après Lewin, 1935)