Dans le cadre des recherches sur la motivation, les stratégies cognitives sont des plans, des moyens généralement explicites, que met en œuvre un individu pour parvenir à une fin. Ces moyens sont fréquemment mis en place quand il ne suffit pas à l’individu de simplement produire un effort pour atteindre une performance. Plus les activités sont complexes, plus l’impact des stratégies est important comme le montrent Earley & Perry (1987) ou Huber (1985) concernant l’assignation d’objectif (Latham & Locke, 2007). Il est indispensable de prendre en compte cette composante stratégique pour mesurer de manière adéquate les effets de la motivation car pour Earley, Connolly, Ekegren (1989), il existe plusieurs cas de figures où les buts difficiles et spécifiques (ceux qui ont un impact motivationnel important) peuvent détériorer la performance :
1 - lorsque la performance à la tâche est plus fonction de la stratégie que de l’effort engagé ;
2 - lorsqu’il y a plusieurs stratégies possibles ;
3 - lorsque l’identification de la stratégie optimale n’est ni manifeste ni facile à reconnaître ;
4 - lorsqu’il y a peu d’opportunité de tester les hypothèses rétrospectivement (retours en arrière et réessayer une stratégie).

Les activités d’apprentissage comptent sans aucun doute pour les apprenants, parmi les tâches les plus complexes qui soient. C’est pour cette raison qu’à ce niveau les recherches unissant « motivation » et « stratégies » ont été les plus prolifiques. Indépendamment du fond, c’est-à-dire des caractéristiques des connaissances à assimiler qui sont davantage du ressort de la didactique, l’activité d’apprentissage proprement dite (qui peut être relativement indépendante de la connaissance sur laquelle elle porte) suppose de la part de l’apprenant, la mise en place de stratégies sans lesquelles il est difficile à l’individu d’atteindre un certain niveau de performance (Pintrich, 2004 ; Zimmerman, 2002 ; Boekaerts, 1996, 2006). Il existe donc différents modèles permettant de comprendre sur quoi porte l’autorégulation des apprentissages ; modèles pour lesquels la motivation n’est pas indépendante des stratégies mises en place.

Tout comme la motivation n’a pas une action magique sur l’apprentissage, il en est de même plus spécifiquement sur la mémoire (Fenouillet, 2003b). L’impact de la motivation sur la mémoire dépend de l’efficacité des stratégies que met en œuvre l’individu pour mémoriser et de la structure mnémonique considérée. Les stratégies ne pouvant agir sur la limitation structurelle de cette mémoire, l’action de la motivation ne peut se faire qu’au travers de l’attention ou de procédés relativement simples comme la répétition, qui vont avoir pour effet de maintenir l’information. Par contre, en mémorisation à long terme, qui est le véritable objectif de tout apprentissage, le « potentiel stratégique » est extrêmement vaste. De plus, comme le montrent les recherches sur l’expertise (Ericsson, Krampe & Tesh-Römer, 1993) ou sur la mémoire encyclopédique (Lieury, Van Acker, Clevede, & Durand, 1992 ; Lieury, Van Acker, & Durand, 1995a, 1995b ; Lieury, 1993) plus l’individu a de connaissances, plus il peut avoir recours à des stratégies d’une grande efficacité. Ce dernier point permet d’expliquer l’impact de la motivation sur la mémoire à long terme ; il est d’autant plus important si l’individu dispose de connaissances étendues sur le domaine considéré (Fenouillet & Lieury, A., 1996).

Représentation intégrée de la stratégie cognitive